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ERRATUM #2 CD Erratum
Musical EM002. Dist. Metamkine. Erratum,
mot latin "chose où l'on a erré", On peut essayer de cerner ce projet d'édition sonore à travers ces deux définitions du Robert, ou encore relever la liste des participants, essayer de comprendre ce qui peut les assembler là : Jérôme Noetinger, Eléonore Bak, Eric Cordier, Manon Anne Gillis, Philip Corner, Paul Panhuysen, Jérôme Joy, Michel Collet, Jacques Donguy et Bernard Heidsieck. Plus qu'une simple compilation de différentes approches du phénomène sonore, "ERRATUM #2" s'écoute comme on lit une revue, revue d'art acousmatique et de poésie sonore s'inscrivant dans une suite, annonçant une série, moins une radiographie documentée d'esthétiques périphériques, qu'un ensemble de choix militants, d'esthétiques radicales portant la critique intrinsèque du discours dominant de la répétition marchande. Il y a dans la déconstruction, dans la destruction du sens (de la logique du discours), une promesse d'ouvrir sur le poétique - une question politique quand seul le rendement vaut, la pensée comptable. Dans la poursuite de l'évènement électronique que les artistes regroupés ici substituent au simple usinage des sonorités techno - qu'on nous impose aujourd'hui comme le devenir contemporain des expériences musicales des années 50/60 - se dessine une autre topographie du paysage sonore faite d'accidents et de glissements sémantiques. Une errance dans le monde des bruits, s'arrêtant sur les disfonctionnements, les mots qui raccrochent, modifiant le sens univoque du discours des machines et des pouvoirs. Si Bernard Heidsieck (à l'origine avec Henri Chopin de la poésie sonore) à travers des stratégies de transformation des traitements analogiques du matériau mot/voix, la répétition/scansion du phonème - poétique du souffle - reconstruit un texte-corps comme sujet social, animal politique, Jacques Donguy connecte les unités sémantiques aux programmes informatiques, en sature/rature le sens, dans une construction fictive évoquant l'univers encombré de la littérature d'anticipation, celle d'un K. Dick. Jérôme Joy permet le passage de la voix dans le corps de la machine, prolongeant l'humain, effectuant cette déterritorialisation conceptualisée par Deleuze, à travers son duo vocal disparaissant dans le devenir électronique, la stéréophonie et le jeu qu'elle permet. Alors que Michel Collet dégage d'un agglomérat sonore indistinct le mot, le tirant vers l'audible, le musical rythmé (litanie de tous les saints). Dans l'errance et la faute, il y a un hasard à prendre en compte, son irruption, Jérôme Noetinger est dans le processus du questionnement de ce qui nous fait signe du fond du haut-parleur, à travers l'usage retourné d'une boîte à rythmes jouet, dans le jeu de l'improvisation et de la brutalité des technologies rudimentaires de l'enfance, dans une esthétique de crise opposant aux technologies guerrières des marchés cette part trafiquée, détournée, libertaire. Quant à Eléonore Bak, c'est l'espace acoustique qu'elle tente de redéfinir dans l'organisation de fréquences blanches, forçant l'écoute, repositionnant l'auditeur face à l'agression sonore du contemporain. Philip Corner et Paul Panhuysen nous emmenent dans leurs résonances méditatives, dans un au-delà au temps musical délimité. Le projet d' "ERRATUM #2" pourrait être comparé à celui de Giorno Poetry, renouant la poésie vivante à la musique de son temps, non plus dans une superposition, comme habillage des heures creuses, mais bien comme effraction du sens, résistance aux discours communicationnels.
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